Ariane, à 15 ans, écrit dans son journal qu'elle appelle "BANANA" :
[...] J'ai besoin qu'on me flèche mon trajet, qu'on me tire les rênes. Je me sens petite, je suis petite. J'ai besoin de quelqu'un pour m'aider à surmonter et à prendre exemple. Je sais pas quoi faire. Je me sens encombrante. Je voudrais pas tout à fait disparaître mais devenir de la taille d'un dé à coudre et me blottir des heures dans un coin, pendant très longtemps, complètement cachée, recouverte de tout...
Savait-elle qu'un jour, elle serait blottie dans un coin, pendant très longtemps (l'Eternité...), complètement cachée, recouverte de tout???
ET savait-elle qu'un jour son journal deviendrait une pièce de théâtre? .... CHOUETTE! La preuve:
Avoir 15 ans et écrire un soir de cafard ... Ariane Grimm, dans son journal qu'elle appelle "BANANA" :
J'ai besoin qu'on me flèche mon trajet, qu'on me tire les rênes. Je me sens petite, je suis petite. J'ai besoin de quelqu'un pour m'aider à surmonter et à prendre exemple. Je sais pas quoi faire. Je me sens encombrante. Je voudrais pas tout à fait disparaître mais devenir de la taille d'un dé à coudre et me blottir des heures dans un coin, pendant très longtemps,complètement cachée, recouverte de tout...
Savait-elle qu'un jour, elle serait blottie dans un coin, pendant très longtemps (l'Eternité...), complètement cachée, recouverte de tout???
ET savait-elle qu'un jour son journal "BANANA" deviendrait une pièce de théâtre intitulée "BANANA, JOURNAL D'UNE JEUNE FILLE" ....
Ariane savait très bien consoler sa chère (et détestée!) maman qui, grande coquette, se lamentait de voir son "beau" (?) visage se détériorer avec l'âge (déjà à l'époque!)
Chère maman,(1975... Ariane avait 8 ans)
Je t’aime.
Je t’écris au crayon car je n’ai pas pris de stylo. Je te vois te regarder désespérée (dézespérée) devant la glace voyant tes grosses plaques rouges.
Ne t’inquiète pas, les grands malheurs se guérissent toujours.
Un jour, mamie avait perdu son porte-monnaie dans les prés, après une semaine elle l’a retrouvé, je te l’ai dit 9 mille fois.
Et ton dos, tu as eu très peur mais il s’est guéri.
Je sais... (je c’est...) je sais, ils vont de plus en plus mal, mais ton dos, ça s’est passé comme ça ! Mais je ne comprends plus ! Enfin!
Je pense beaucoup à toi. Tu es si belle quand tu souris. De te voir de loin, on a envie de t’embrasser, de t’aimer, etc..., etc... etc... etc.
Belle maman, je t’aime.
Tu prends beaucoup de soin à tout faire quand tu me rends des services. Je t’aime.
C'est un dossier secret, que j'ai présenté plusieurs fois car je suis... envahie par le remords, dans lequel Ariane a écrit ses colères contre mois avec une libre violence. Elle décrit mes comportements qu’elle ne supporte plus (à 11ans...12 ans ... 13 ans ... 14... et même 15 ans), elle parle de ses révoltes, écrit qu'elle n'a plus confiance, qu’elle voudrait aller chez son père.
Cependant, à la fin du dossier, elle s’adresse directement à moi:«Si un jour tu tombes sur ce dossier, sache que je ne le pense pas ».
Je n'ai découvert ce dossier qu'en avril 1988. Ariane était morte trois ans plus tôt. Mais heureusement, on parle encore beaucoup d'elle. La preuve:
Dans la foulée du récent Festival du Journal intime (qui s'est tenu les 14, 15 et 16 septembre 2017 à Paris) , on a pu voir samedi soir 14 octobre sur le 20 h. d'Antenne 2 un reportage sur "Le ...
"Si la fessée ou la gifle laissent des traces sur le corps, tout ce qui est verbalement négatif laisse des traces sur le psychisme de l'enfant"...
Pour illustrer cette réflexion de Stephan Valentin, psychologue, voici ce qu'écrit Ariane dans son journal (en vacances en Amérique avec son père, 14 ans):
"Ce soir, grosse scène de famille.
Nous devions aller ensemble au Great America. C’est une foire comme Disneyland en beaucoup moins bien mais il y a des grands 8 je crois. Aussi, je propose à Papa d’y aller - gentiment - car on peut y aller la nuit aussi et on garde les tickets valables pour le lendemain.
Puis, je me lamente un tout petit peu.
Papa bondit. « Oh ! arrête de faire cette gueule où je te claque ».
Il me propose pour le lendemain...
Je le regarde toute triste. Il me sort à nouveau : « Oh ! arrête de prendre cet air de chien battu. Tu vas recevoir une bonne tarte ! »
Je le regardais simplement. Je pars, puis sanglote.
J'ai lu ces jours-ci dans plusieurs tweets cette information: "Dans la foulée du récent Festival (sur le Journal intime qui s'est tenu les 14, 15, et 16 septembre - à Paris), le Journal intime et l’Association pour l'Autobiographie (représentée par Philippe Lejeune) seront sur Antenne 2 ce samedi soir 14 octobre dans le journal de 20 heures." - 3 millions de personnes tiennent leur journal !
En effet, on a pu voir ce soir pendant les informations d'Antenne 2 deux pages du journal d'Ariane Grimm. Ça fait plaisir!
Et voici une de ces deux pages:
Les curieux qui aimeraient lire le premier journal tenu par Ariane à 10 ans peuvent le lire en cliquant sur le lien ci-dessous et en tournant les pages :
cahier de mémoire ainsi qu'elle appellera son journal. Elle a 10 ans. Pour maman et moi . Elle en écrira dix-sept, jusqu'à 16 ans et demi. Dans ce premier cahier, l'école (elle clame chaque jou...
"FAIRE SON DEUIL", cela ne veut pas dire "EN FAIRE SON DEUIL" !!! Pas du tout!
En effet, plusieurs livres, sites... blogs... et j'en passe! nous montrent que perdre un être cher conduit automatiquement vers celui qui reste (le père) ou celle (la mère) vers la re-création de celui ou celle qui n'est plus. La preuve (je viens de le lire dans mon journal):
Récemment, en 2017: "CE QUI N'A PAS DE NOM"(mort d'un fils, deuil en partage) écrit par PIEDAD BONNETT, poète et dramaturge: "Ecrire son visage. Evoquer sa vie brève, en dépeindre certains fragments..."
En 2005 : "Je n'ai plus de nouvelles de Simon"de Malka Ribowska(SA MÈRE, auteur et, ailleurs, comédienne)
et bien sûr, et dans la joie! "LA FLAMBE, ou journal intime", Ariane Grimm (auteur), chez Belfond en 1987 (puis "J'ai lu" 1988), publié par sa mère... auteur du bloc "AUTOBIO-GRAPHIE" et du site:
"FAIRE SON DEUIL", cela ne veut pas dire "EN FAIRE SON DEUIL" !!! Pas du tout!
En effet, plusieurs livres, sites... blogs... et j'en passe! nous montrent que perdre un être cher conduit automatiquement vers celui qui reste (le père) ou celle (la mère) vers la re-création de celui ou celle qui n'est plus. La preuve (je viens de le lire dans mon journal):
Récemment, en 2017: "CE QUI N'A PAS DE NOM"(mort d'un fils, deuil en partage) écrit par PIEDAD BONNETT, poète et dramaturge: "Ecrire son visage. Evoquer sa vie brève, en dépeindre certains fragments..."
En 2005 : "Je n'ai plus de nouvelles de Simon"de Malka Ribowska(SA MÈRE, auteur et, ailleurs, comédienne)
et bien sûr, et dans la joie! "LA FLAMBE, ou journal intime", Ariane Grimm (auteur), chez Belfond en 1987 (puis "J'ai lu" 1988), publié par sa mère... auteur du bloc "AUTOBIO-GRAPHIE" et du site:
Le Festival du Journal Intime s'est terminé hier soir avec la projection d'un très beau film: "DEMAIN ET ENCORE DEMAIN" de Dominique CABRERA (1h19), en présence de la réalisatrice.
........
En sortant du Festival, je me suis posé une question: Si l'on a pu voir Ariane danser, rire, être heureuse, aimer les garçons, ne pas supporter sa chère maman... et mourir! dans le film "BONJOUR PETIT COPPER" (réalisé grâce à Philippe Lejeune), pourquoi celui-ci s’est-il intéressé au journal d’Ariane ?!!!.
Curieuse, j’ai cherché et j’ai trouvé une de ses nombreuses réponses:
« j’ai essayé de suivre l’apprentissage du journal d’une jeune enfant, Ariane Grimm, entre l’échec de ses premiers journaux à l’âge de sept ans et le vrai démarrage de son journal à l’âge de dix ans : il m’a semblé que c’étaient ses jeux sur l’identité narrative dans la fiction qui l’avaient rendue capable de tenir enfin un « vrai » journal – itinéraire qui doit être celui de beaucoup d’enfants. C’est là une branche actuellement peu développée de la génétique : l’observation des premiers apprentissages. »
Les premiers apprentissages? Les voici! Avec des images!
:
Description : Je suis la mère d'Ariane Grimm (1967-1985), dont vous voyez ici la photo. Ariane est une jeune diariste qui a beaucoup écrit et dessiné dès l’âge de sept ans et demi… et jusqu’à dix-huit ans. Après sa disparition dans un accident de moto, j’ai fait publier les dernières pages de son journal chez Belfond (1987), puis « j’ai lu » (1988), et je publie ici ce qu’elle avait précieusement « archivé » et qu’elle appelait ses «œuvres": des pages de son journal que je présente en liaison avec l'actualité, ses histoires inventées ou... qui se sont réellement passées, ses bandes dessinées, ses conseils donnés dans un "livre de potions"... Vous trouverez aussi toutes les actualités concernant cette petite fille "écrivaine" et dessinatrice.
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